Artistes en résidences à Monflanquin

Didier Arnaudet

Comme un bon conteur d’histoires, Jean-Guillaume Gallais demeure à l’écoute de ce temps d’enfance où l’imaginaire donne à l’existence quotidienne le merveilleux pouvoir de faire que toute chose puisse devenir autre chose. Il ouvre le cercle enchanté de la pacotille, du moins que rien comme exercice de la fantaisie, invite à la distraction, à ce bon sens oublié qui ne prône pas la ligne droite mais les méandres. Aucune affectation de la distance. Aucun maniérisme de l'intention. Rien qui ne complique, ne rend obscur le désir de ne pas s’incruster, de s’en tenir à l’usage élémentaire de quelques échos négligés de fêtes essentielles. Jean-Guillaume Gallais se préoccupe de maintenir vive la mémoire de la ritournelle d’un paradis perdu qui transporte le plus humble, le plus ordinaire vers des hauteurs magiques.

Mais que donne-t-il à voir ? Des formes mouvantes en papier de soie. Souvenir d’une esthétique foraine ou rappel de l’instabilité du monde ? Des drapeaux en papier cristal. Indice d’une disparition ou d’une présence ? Sous l’apparence du dérisoire, de la récréation à peu de frais et des couleurs heureuses, pointe la question qui domine toutes les autres : celle du sens de la vie.

Jean-Guillaume Gallais sollicite les ressources d’un centre qui ne se dérobe pas à l’imaginaire et rend possible cette forme de jeu où l’infini se confond avec le fugace. Il capte ainsi des fragments de vie, des murmures de gestes, d’ultimes secousses d’images et d’histoires, selon un processus sommaire de composition qui s’attache à ne dissimuler ni ses limites ni sa banalité. L’exercice tenté ici relève d’une habileté ordinaire qui consiste à entretenir un balancement entre mouvement et immobilité, légèreté et gravité, transparence et opacité mais sans que ce balancement manifeste une incapacité à choisir ou à s’impliquer. Tout est d’abord question de résistance à une définition préétablie. Jean-Guillaume Gallais ne cherche pas à clôturer, à cadenasser mais à multiplier les possibles et les approches. Il interroge le spectacle qu’il suscite. Il s’empare de la capacité à imaginer du spectateur et lui révèle la matière ludique d’une réflexion sur la fragilité de son entreprise.

On n’est pas si loin, à cet égard, des ‘’magies’’ de Michaux : ‘’On voit la cage, on entend voleter. On perçoit le bruit indiscutable du bec s’aiguisant contre les barreaux. Mais d’oiseaux, point’’.